Entrevue avec Valérie Milot | SOLO
Démystifier la harpe

Dans ce nouveau concert, Valérie présente le répertoire de son neuvième et dernier album, Solo. Elle y fait l’exercice de transcrire ses pages préférées de la musique dite classique. Paganini, Schubert, Mendelssohn, Elgar, Mahler, Tarrega, Bach et Henry se côtoient et résonnent dans les cordes « d’Apollonia », l’une des harpes de Salvi les plus rares au monde.

« Solo est le résultat d’un processus d’introspection où j’ai pu explorer plus profondément le lien avec mon instrument. À travers les transcriptions, j’ai redéfini ma relation avec les possibilités techniques de la harpe et concentré mes efforts à traduire les gestes musicaux, au-delà des notes. Cet exercice a poussé plus loin mon approche interprétative des œuvres, ce qui fût certainement constructif. »

Elle est à même de constater que ses adaptations lui permettent de rejoindre un plus grand auditoire, en plus d’accomplir un des mandats qui lui est cher : démystifier la harpe et son univers.

Valérie Milot

JC SODECT : « Bonjour Valérie, c’est un réel plaisir et un grand privilège de vous recevoir en entrevue aujourd’hui. »

 

Valérie : « C’est un plaisir pour moi aussi! »

JC SODECT : « Je vais être honnête avec vous, ce n’est pas tous les jours que j’ai l’occasion de m’assoir et de discuter avec une musicienne, qui plus est, une harpiste de grand talent comme vous. C’est quelque peu intimidant pour la néophyte de la musique classique et de la harpe que je suis! »

Valérie : « Bien, il ne faut pas que ce soit intimidant parce qu’en fait moi, mon but dans la vie, c’est de faire découvrir l’instrument, donc c’est vraiment dans ma mission de vulgariser le monde de la harpe, de la rendre plus accessible. Voilà, il ne faut pas être intimidé, surtout pas! »

JC SODECT : « Tant mieux, car dès les premières minutes de visionnement de votre récital virtuel Solo, tiré du neuvième et dernier album éponyme, j’ai tout de suite eu envie d’en apprendre plus au sujet de la femme derrière la virtuose que l’on connaît comme « la musicienne à l’âme rebelle », et bien entendu, à propos de ce majestueux instrument qu’est la harpe. J’espère que l’on va pouvoir démystifier le tout ensemble. »

Valérie : « Certainement! »

JC SODECT : « Avant toute chose, Valérie, dites-moi, comment en vient-on, à l’âge de 10 ans seulement, à adopter la harpe comme instrument? Faut-il le voir comme un premier acte de rébellion? Je veux dire, c’est un choix qui m’apparaît assez hors du commun, bien que fascinant. »

Valérie : « En fait, quand on choisit la harpe c’est qu’on n’a pas envie de faire les choses comme tout le monde. Ça a peut-être été un facteur, mais honnêtement avec le recul il y a des raisons, peut-être subconscientes, qui ont guidé mon choix. Au départ, l’initiative de découvrir la harpe a été amorcée par le fait que je voulais explorer un autre instrument. J’ai débuté la musique très très jeune, en fait j’ai appris à lire mes notes avant de savoir écrire! Puis, quand je suis rentrée à l’école primaire, j’ai commencé le piano. Le piano est un instrument que j’adore, c’est l’un de mes instruments préférés aujourd’hui, mais j’aime plus en écouter qu’en jouer. Bref, j’avais une sorte de blocage, en fait je sentais que ce n’était pas mon instrument. Donc j’ai continué à explorer. Mon père qui était à la fois musicien professionnel et mélomane nous amenait voir l’orchestre symphonique de Trois-Rivières, d’où je suis originaire. On allait aussi voir Casse-Noisette à la Place-des-Arts, une tradition que j’essaie de poursuivre avec ma fille. Dans Casse-Noisette il y a beaucoup de harpes, c’est vraiment très typé dans ce ballet. Il y a même toute une cadence, la valse des fleurs où la harpe est très exposée. Autrement dit, c’est un instrument qui ne m’était pas étranger. Je le voyais régulièrement, ça m’intriguait! Puis j’ai hésité entre le violoncelle et la harpe. Comme j’avais des parents qui étaient très ouverts à la musique, surtout la musique classique, ils m’ont emmenée voir un concert de harpes. Ça a été un déclic! Je dirais même que j’ai eu un coup de foudre quand j’ai tenu l’instrument contre moi la première fois. Puis avec les années, je réalise que c’est un instrument où l’on tient la caisse de résonnance près de soi. C’est vraiment ça que j’aimais au départ. J’ai l’impression qu’il y a une proximité. Moi je suis une personne très affectueuse, j’avais besoin d’être en contact plus proche avec la source sonore. C’est drôle parce que j’hésitais entre le violoncelle et la harpe, qui avec la contrebasse, sont les seuls instruments où la caisse de résonnance est vraiment collée contre soi. Étrangement l’un de mes meilleurs amis est un violoncelliste, Stéphane Tétreault. C’est quelque chose qui est très inné chez moi d’aller à la recherche de cette sensation. »

JC SODECT : « Dans une entrevue accordée à Claude Deschênes en 2019 pour la revue Avenues.ca, vous évoquez que le côté très physique de l’instrument vous ressemble, mentionnant du même coup qu’il y a 2,5 tonnes de tension sur les cordes. Ça va? Vous sentez-vous tendue? »

Valérie : (rires) « En fait, c’est un instrument qui est super physique. Évidemment elle se compare beaucoup au piano au niveau de l’approche parce qu’on utilise une main droite et une main gauche. C’est vraiment un piano suspendu! Par contre, pour chaque note que l’on joue, il faut vraiment qu’il y ait un travail de traction musculaire. Donc, le dos, les bras et les mains sont sollicités. C’est quelque chose que j’aime beaucoup de mon instrument, mais c’est certain qu’il faut faire attention. J’ai parfois des petits problèmes avec mon cou ou avec mon dos. Je pense qu’il faut simplement écouter son corps. Honnêtement ce qui est le plus problématique de l’instrument au niveau physique, c’est le transport (rires)! »

JC SODECT : « Ça doit! Ça semble assez lourd! »

Valérie : « Oui, ça pèse 95 livres et malgré le fait qu’on ait des chariots, que l’on soit équipé pour le transporter, ça reste que monter des escaliers et tout ça, c’est plus compliqué. C’est surtout ça qui finit par nous blesser. »

 JC SODECT : « Blague à part, pouvez-vous nous en dire plus à propos de cet instrument auquel vous vous identifiez? Par exemple, y a-t-il plus de notes sur une harpe que sur les autres instruments occidentaux? Ou encore, utilisez-vous des effets par exemple les pédales sur votre harpe ou préférez-vous le son pur de l’instrument?

Valérie : « Ah, ah! En fait je dis souvent que c’est un piano qui fait du striptease! La harpe a exactement le même registre ou presque que le piano. C’est un instrument qui peut autant être joué en groupe qu’en solo. Par contre, c’est un instrument dans l’orchestre qui est un peu à part, parce que bon, il n’y a qu’une seule harpe et elle peut faire tous les registres des instruments de l’orchestre. C’est un instrument qui est très complet, mais qui est aussi, malheureusement, encore peu mis à l’avant-scène. Pourtant c’est un instrument qui a beaucoup à dire selon moi, surtout sur l’envers du cliché. On associe beaucoup la harpe aux anges, à la délicatesse, tout ça. Bon, oui il y a ce côté-là qui est magnifique, mais il y a tellement plus! C’est justement pour ça que j’ai voulu faire carrière avec cet instrument. Pour montrer qu’il a tellement plus à dire et qu’il n’est pas seulement associé à la relaxation, tout ça.

D’ailleurs, j’ai une harpe électrique et deux harpes classiques. Effectivement, j’ai été formée comme musicienne classique au conservatoire. L’essentiel de ma carrière se dirige là, mais j’aime explorer, comme beaucoup de musiciens de ma génération. Alors j’explore et j’étudie de plus en plus avec ma harpe électrique. J’ai des projets, à court et moyen terme, pour ma harpe électrique, par exemple pour l’utiliser dans certains concerts ou pour faire des clips. »

JC SODECT : « J’ai lu qu’il existe plusieurs types de harpes. Je suis curieuse de connaître les particularités de la harpe sur laquelle vous jouez présentement, une Apollonia de Salvi prêtée par le mécène Roger Dubois, fondateur de la compagnie Canimex de Drummondville. »

Valérie : « C’est mon instrument de rêve! Ce qu’il faut savoir sur la harpe, c’est qu’en général le modèle utilisé dans un orchestre, donc un modèle professionnel coûte entre 20 000 $ et 25 000 $, à peu près. Ça peut sembler beaucoup, mais pour un musicien professionnel c’est tout à fait accessible. C’est quelque chose auquel on peut accéder avec des prêts quand on commence notre carrière, c’est tout à fait réaliste.

Donc, j’avais ma harpe, puis en 2015-2016, j’ai fait beaucoup de concertos avec orchestre et je me suis mise à jouer avec mon ami Stéphane Tétreault. Lui a un son incroyable et en plus son instrument porte énormément! Je me suis alors rendu compte que j’avais beaucoup mal aux mains quand je jouais parce que je devais essayer de pousser mon instrument au maximum, mais je n’arrivais pas à aller chercher la puissance sonore que je voulais. J’avais beau travailler très fort pour y arriver, il me manquait l’outil pour le faire.

Je me suis donc rendue à Chicago dans la plus grande manufacture de harpes au monde pour essayer les harpes. Une quarantaine environ. Je me disais, je vais toutes les essayer. J’étais convaincue que l’allais trouver une harpe vraiment puissante. Finalement, je n’ai pas trouvé. Mais dans la salle d’exposition, il y a un coin réservé pour les harpes dites de prestige. Il faut savoir que ce qui fait varier le prix sur un instrument, c’est vraiment superficiel! C’est la décoration et ça a très peu d’incidence sur le son. Effectivement, ces instruments-là prennent plus de temps à faire, il va y avoir des bois plus nobles qui vont être utilisés, mais ce n’est pas nécessairement un gage de qualité au niveau du son. C’est vraiment au niveau visuel que ça change. Ce sont des harpes qui sont souvent achetées par exemple par de très gros orchestres symphoniques, comme le Philharmonique de Vienne qui veut avoir deux belles harpes dorées dans le fond de l’orchestre ou simplement des gens qui veulent avoir un bel objet. Donc, ce sont très souvent des harpes qui ne vont pas être jouées et qui vont se retrouver dans un salon par exemple! Autrement dit, de très belles décorations (sarcastique).

Mais quand même, je me suis dit pour m’amuser que tant qu’à être là, j’allais essayer des harpes de prestige. Alors, je me suis mise à jouer pour le plaisir sur ces harpes. Et là, je suis tombée sur cette Apollonia! Vraiment, j’ai joué trois notes et j’ai fait wow! »

JC SODECT : « Le courant a passé comme on dit! »

Valérie : « En fait, il y a deux choses : il y a la connexion entre le musicien et son instrument, qui je pense, ne s’explique pas, et il y a l’instrument en lui-même. Dans le cas de cette harpe, c’est un instrument qui était tout jeune à l’époque, pas tout à fait 2 ans, mais qui avait un son déployé comme si ça faisait 10 ans qu’il était joué. Un son vraiment riche, mature et très très puissant! Mais c’est ça, c’est un investissement qui valait quand même 120 000 $. Donc je suis revenu au Québec avec le coup de foudre, mais sans les moyens pour acquérir l’instrument. J’ai tout de même gardé contact avec la compagnie de Chicago, leur disant que j’allais essayer de trouver une solution pour pouvoir l’acquérir. Donc, j’ai contacté des gens, puis finalement après un an de recherche, j’ai parlé avec M. Roger Dubois qui s’est montré très ouvert. En fait, c’est la première harpe qu’il a acquise dans sa grande collection d’instruments. Il a plus de 100 instruments. Donc c’est ça, il a acheté la harpe. Elle est arrivée chez moi un peu avant Noël 2018. Je le remercie encore aujourd’hui, du fond du cœur, de me permettre de faire vibrer cet instrument-là parce qu’il aurait probablement été destiné à être exposé à un endroit où il n’aurait probablement pas été joué. M. Dubois, lui, rend des instruments de grande valeur accessibles à des musiciens. Je pense que c’est très important et c’est une belle mission. »

JC SODECT : « Pour votre album et concert Solo, vous avez transcrit vos pages préférées de la musique dite classique – Paganini, Schubert, Mendelssohn, Elgar, Mahler, Tarrega, Bach et Henry. Ce sont des pièces qui ont été écrites à la base pour orchestre, violon, piano ou pour la guitare classique. Laquelle de ces œuvres a été la plus ardue à retranscrire pour la harpe? Et pourquoi? »

Valérie : « En fait, les trois pièces qui à la base étaient destinées aux orchestres ont vraiment été les plus gros défis. Quand on transcrit une partition d’un instrument à l’autre on va utiliser la même quantité de notes, si je peux m’exprimer ainsi. On va prendre la partition et simplement essayer de la rendre efficace sur notre instrument. Par contre, quand on travaille avec une partition pour orchestre on ne peut évidemment pas jouer toutes les notes, de tous les instruments. Il faut vraiment écouter pour voir ce qui ressort et qu’elle est la texture de la pièce. Donc c’est vraiment là que le mot transcription ou adaptation prend tout son sens. Je dirais que celle de Mendelssohn, Les Hybrides, a été probablement la plus difficile parce que c’est vraiment une espèce de marée orchestrale. Mais chacune des trois pièces a été quand même un bon défi. Ça m’a permis aussi de développer une connaissance encore plus approfondie de mon instrument, de voir ce que je peux aller chercher comme effet. En ce moment, je travaille beaucoup avec un compositeur qui s’appelle Denis Gougeon sur l’écriture d’un concerto pour harpe et je trouve que le travail de transcription que j’ai fait pour Solo a enrichi beaucoup la communication que j’ai avec lui pour développer l’écriture de cet instrument. C’est ce qui est plaisant avec le métier de musicien, c’est qu’on n’arrête jamais d’appendre et d’approfondir ses connaissances. »

JC SODECT : « Depuis le début de la pandémie, on a vu apparaître plusieurs initiatives artistiques disponibles en ligne. On vous connaît pour votre volonté de rendre la musique classique plus accessible et de démystifier la harpe. On le ressent d’ailleurs dès les premiers instants de votre concert virtuel Solo. Donc, ma question est la suivante : le projet du concert virtuel, intégrant des moments de vulgarisation, était-il quelque chose que vous souhaitiez réaliser bien avant la pandémie? »

Valérie : « Bien, en fait c’est un projet qui étrangement était déjà prévu avant la pandémie. C’est ma présence sur le Web, je dirais qui a été l’élément déclencheur. C’est tout bêtement par la chaîne YouTube que l’une de mes vidéos a cumulé 2, 5 millions de vues. Cette vidéo m’a permis d’atteindre tellement de monde au niveau international. Et bon, faire carrière pour un musicien dans sa province ou son pays c’est une chose, mais sortir à l’international, c’est un grand défi. Étrangement, la plupart des concerts internationaux que j’ai faits sont liés à cette vidéo-là. Donc je me suis dit qu’il y avait quelque chose à utiliser sur le Web. Il y a une manière d’atteindre plus de gens, et en fait c’est ça qu’on veut comme musicien finalement. Aussi, il y a des messages que je peux porter, comme démystifier la harpe. J’essaie d’en faire mon terrain de jeux. Bon, on le sait aussi, le Web peut couter très cher pour le peu de revenus en retour. Les revenus sont souvent collatéraux, ils se traduisent par des engagements éventuels. Donc, pour Solo, oui j’avais déjà le projet d’en faire une captation vidéo et de libérer les pièces sur YouTube au compte-gouttes. Avec la pandémie ce qui a changé c’est que j’ai finalement déposé sur le Web seulement certains extraits et j’ai offert le concert complet à différents diffuseurs pour atteindre le plus de gens. Un jour peut-être il sera disponible dans son entièreté sur ma chaîne YouTube! Pour terminer, j’ajouterais que j’ai toujours accordé beaucoup d’importance au fait de diffuser du matériel vidéo de qualité professionnel puisque c’est une carte de visite essentielle. Quand j’écoute un musicien, je vais tout de suite me diriger sur sa page Internet. »

 

JC SODECT : « D’ailleurs, on peut dire que vous étiez déjà une habituée des performances sur le Web, notamment pour votre adaptation, à la harpe électrique Delta, de la pièce Discipline du groupe rock progressif légendaire King Crimson. Une performance qui vous a valu plusieurs éloges, dont celles de Robert Fripp. Je serais curieuse de vous entendre à propos de l’utilisation et de la place de la harpe dans la musique populaire? »

Valérie : « Bien, déjà la harpe a une très grande place dans la musique populaire. Par exemple, dans la musique folklorique. Si vous allez vous promener en Irlande, vous allez en voir à tous les coins de rue. C’est déjà bien ancré dans la musique populaire, même si ça reste un instrument qui est relativement rare. Au fond, la harpe c’est l’instrument de base de tous les instruments à cordes. Le principe est très simple, ce sont des cordes tendues sur un arc. L’instrument dont je joue est un instrument classique qui a été hyper développé et qui a un mécanisme très complexe. Mais ça reste que l’instrument de base est lié aux origines de la musique. C’est un instrument qui était portatif et qui se jouait un peu partout. Donc c’est vraiment pour moi très naturel de l’intégrer dans la musique populaire. Aujourd’hui comme la musique s’est beaucoup électrifiée, les harpes ont fini par prendre cette tangente. Il y a plein d’artistes qui font des choses tellement tripantes à la harpe électrique. Et puis moi comme je suis une super grande fan de King Crimson, j’ai eu le goût de m’attaquer à ce défi! »

JC SODECT : « On retrouve beaucoup de référence à la harpe en musique populaire et électronique (les arpégiateurs sur les synthétiseurs, l’autoharpe, l’omnichord, etc.) Trouvez-vous que c’est un bel hommage à cet instrument noble? Croyez-vous que le son de la harpe traversera les époques, encore et encore?

Valérie : « C’est une belle question honnêtement, très originale! On ne me l’avait jamais posée et ça m’a poussé à réfléchir là-dessus. Je n’avais jamais réalisé qu’il y avait autant de références à la harpe dans la musique d’aujourd’hui. Ça prouve un peu ce que je disais, la harpe est beaucoup plus présente dans notre environnement qu’on peut l’imaginer malgré le fait qu’aujourd’hui elle a une réputation d’instrument rare, un peu intrigant. En réalité, elle est l’un des premiers instruments. Si on pense notamment hiéroglyphes égyptiens, on voit souvent des formes de harpe. Donc pour toutes ces raisons, oui je pense que le son de la harpe va traverser le temps, va continuer à se développer, va se perfectionner encore plus. Oui, je pense que la harpe ne mourra jamais, sinon la musique va mourir aussi… »

JC SODECT : « Soliste en demande, vous cumulez les concerts avec des orchestres prestigieux au Canada et à l’étranger. Votre musique voyage partout à travers le monde. Puisque celle-ci est instrumentale, avez-vous l’impression que vous pouvez toucher plus de gens sur planète? »

Valérie : « Ben oui, tout à fait, même si je pense que l’on peut quand même toucher avec des paroles sans nécessairement comprendre le sens de celles-ci. En fait, je pense que le langage peut être une musique en soi. Mais oui certainement, par exemple quand j’ai joué un concerto pour orchestre en Pologne je ne parlais pas du tout la langue des autres musiciens. En plus d’avoir réussi à échanger quelques trucs avec le chef d’orchestre, il y avait tellement de choses que l’on a pu communiquer sans nécessairement utiliser des mots, même entre musiciens et public. Ça m’a toujours touchée et impressionnée. L’art en général ça sert à ça, à communiquer, c’est quelque chose qui permet parfois de faire fi des mots. »

JC SODECT : « Pour conclure cette entrevue, quel conseil aimeriez-vous donner aux jeunes et moins jeunes qui désirent apprendre la harpe? Comment doit-on s’y prendre?

Valérie : « Bien, c’est un bon instrument pour débuter parce que la harpe, ça sonne toujours bien! Ce n’est pas comme le violon par exemple, il n’y a pas l’aspect justesse. Si vous accordez bien votre instrument, vous êtes correcte. Donc, c’est un instrument qui est le fun à apprendre pour ça au début parce que c’est valorisant rapidement. J’ai envie de parler aussi de la caisse de résonnance contre soi… c’est un instrument qui nous habite, qui nous fait tellement vivre la musique… Donc, il suffit de trouver la passion et de trouver le bon professeur aussi (rires)! Oui, c’est un bon instrument pour débuter et à tout âge. J’ai vu des personnes débuter l’apprentissage de la harpe à 70 ans. C’est un bon instrument aussi pour se tenir en forme parce que c’est très physique. Donc, voilà, n’hésitez pas, lancez-vous. »

JC SODECT : « Merci, Valérie, c’était une entrevue généreuse! J’ai passé un agréablement moment en votre compagnie et maintenant je peux dire que l’univers de la harpe m’est plus familier. »

Valérie : « Bien, merci à toi aussi! »